ECHECS : la défense est-indienne.

 

La formation de saut est-indienne :

 

 On le nomme le mur Boleslavsky. Il a dépassé aujourd’hui en importance pratique toutes les autres formations de saut.

 C’est une formation sans bélier qui, par ailleurs, ne montre aucun signe de raideur (levier, isolation)

 Pour cette raison, la force directrice de la position de pions est relativement faible ; les deux colonnes semi-ouvertes ainsi que les possibilités de leviers théoriques ne donnent que de vagues indications de nature stratégique. Jusqu’à quel point il est possible de se fer à ces indications dépend parfois dans une grande mesure des situations tactiques données. Ainsi, par exemple, l’échange de c4 contre d6, direct ou indirect est par principe souhaitable pour les Blancs parce qu’il leur crée une majorité à l’aile-roi ; mais que cette majorité garantisse une attaque convenable doit être vérifié à chaque cas.

 Moins la position de pions crée d’obligations, plus le combat penche du côté tactique.

 Dans la variante principale du mur Boleslavsky, le fianchetto du Fou-roi blanc appartient aux caractéristiques de cette variante (H. Kmoch, p.284)

 

 R. Byrne pense que l’attaque blanche par f 2-f4//g2-g4//f4-f5 porte un coup sévère au mur Boleslavsky.

 

 Avec l’attaque des 3 pions ç4-d4-e4, on pratiquait d’abord l’avance coup-bélier d4-d5. Mais peu à peu, la conception du maintien de la tension centrale s’imposa. Seulement, Boleslavsky introduisit alors le contre-jeu fondé sur e5xd4 puis ç7-ç6 et qui ne laisse à l’attaquant que l’ombre d’un avantage. Les Noirs ne sont pas aussi à l’étroit que ce qu’il y paraît car leur Fou-roi a une meilleure action que celui des Blancs et leurs Cavaliers disposant des cases ç5 et e5 peuvent s’approcher plus près de l’ennemi que ne peuvent le faire ceux de ce dernier.

 Si les Blancs jouent f4 pour dominer la Case e5, leur pion e4 requiert alors des soins. Et jouent-ils b3 afin de neutraliser le Fou g7 par Fb2 que ce coup favorise l’attaque-levier a5-a4.

 De toute façon les Blancs sont soumis à des menaces de leviers :

- f 5 peut introduire une forte attaque

- d 5 assure au moins l’égalité

- et si g 3 a été joué, h5-h4 affaiblit le roque blanc.

 De plus, les Blancs n’ont pas la tâche facile pour constituer leurs propres leviers, car tous leurs points-leviers se situent au-delà de la ligne médiane.

 Le coup levier blanc fondamentalement le plus précieux est ç5 non pas tant parce qu’il ouvre la colonne « d » que parce qu’il crée deux majorités et que celle l’aile-roi offre en milieu de jeu d’excellentes perspectives d’attaque.

 Si l’un dans l’autre, les Blancs sont quand même légèrement mieux, c’est qu’ils sont en mesure de contenir l’adversaire. Mais faire en même temps des progrès est excessivement dur.

 L’ouverture d’une colonne-tour est pratiquement impossible. Les Tours doivent attendre pour les deux camps : leurs meilleures colonnes d’attente sont ç1 et e1, respectivement e8 et a8 ou d8.

 

La caractéristique dragon et l’attaque St Georges.

 

 La caractéristique dragon prend une grande importance quand l’aile d’assaut adverse se trouve en face du roque. Dans ce cas, elle attire une attaque extrêmement dangereuse dont la clé se trouve dans la constitution du levier h5 : g6. L’ouverture de la colonne « h » est alors d’ordinaire décisive. Cette attaque se nomme l’attaque St Georges. Chaque fois que la caractéristique du dragon apparaît, l’attaque St Georges est à envisager.

 Cependant, pour réussir, l’attaque doit impliquer la garantie d’une utilisation correspondante des Tours sur la colonne « h ». Plus cette garantie est mince, plus d’autres obligations incombent aux Tours (les obligations sur les colonnes centrales pèsent le plus lourd.)

 Si deux colonnes centrales sont ouvertes, l’attaque St Georges, dans des conditions passablement normales est pour ainsi dire sans perspectives.

 La colonne ouverte « e » seule parle aussi d’ordinaire en défaveur de l’attaque St Georges.

 La colonne ouverte « d » ouverte est beaucoup moins décourageante, sauf si le pion ç se trouve en ç4 car la case d4 non protégée devient une case de pénétration par laquelle la colonne « d » prend une importance dominante, immobilisant les Tours.

 Dans l’est-indienne, on en arrive habituellement au mur Boleslavsky, mais l’attaque St Georges passe par la route de la construction Sämisch avec 5 f3. Seulement, les Noirs l’évitent alors ordinairement en se décidant pour f5 par exemple Cfe8 et f7-f5 => des suites très embrouillées où l’attaque St Georges ne se produira plus mais dont la menace aura laissé des remous inconfortables pour les noirs.

 A noter aussi que la constitution du duo défensif g6 : h6 évite l’attaque St Georges, les Blancs ne pouvant plus forcer maintenant l’échange de leur pion h.

 Le verrouillage du centre immédiat après e5 par d5 est important pour l’ataque St Georges, autrement les Noirs contre-attaquent par e5xd4.

 

La construction Sämisch.

 

 Elle a l’avantage d’une grande souplesse :

 

1 d4 Cf6

2 ç4 g6

3 Cc3 Fg7

4 e4 d6

5 f3 e5 (…0-0 ?)

6 d5 (permet d’interdire le développement du cavalier noir en c6 [sinon ce Cavalier se recyclerait à e7 pour soutenir l’avance f5]

 … Ch5

7 Fe3 f5 (variante conseillée par Taïmanov)

 

La place des pièces et des pions dans l’est-indienne.

 

 La place des Fous :

 X. Jouer le Fd3 derrière le pion e4 et contre l’escalier g6/h7 n’est généralement pas recommandable pour les blancs (coup inutile) : la Dame blanche perdrait son influence sur la colonne « d », le Fou n’a pas une mission propre à d3 car la diagonale b1-h7 n’est pas particulièrement vulnérable.

 

 X. Jouer Fe2 est meilleur, bien que le Fou n’ait pas, là non plus de mission particulière ; mais tout au moins, il protège c4 sans être sur le chemin de sa dame, il empêche le clouage par Fg4, protège souvent la case g4 et prévient un éventuel Ch5.

 

 X. Fg2, à partir de g2, le Fou contrôle davantage de cases qu’il ne le fait en e2 ou d3. Pourtant si les Blancs projetaient une attaque à l’aile-Roi, le Fou rendrait généralement de meilleurs services à e2 ou à d3.

La place des Cavaliers :

 X. Cf6-d7 ou Cf6-e8 ?

 - Le coup Cf6-d7 est à la fois défensif (il protège la case c5 contre la menace c4-c5 des Blancs) mais aussi offensif car il rend possible f7-f5 (attaque contre la base blanche e4). En revanche, il masque Fc8

 

- Le coup Cf6-e8 est également bon. Toutefois, de cette case, le Cavalier ne peut prévenir c4-c5 ni protéger e5. En revanche, il évite de masquer e5.

 

 X. Cf3-e1 Le coup est à la fois défensif parce qu’il permet le passage du pion f2-f3 pour pouvoir protéger le pion e4 après f5 noir et offensif parce que Cd3 devient possible d’où le Cavalier soutiendra le coup c4-c5.

 

 X. Cf3 ou Ce2 ?

 - Avec Cf3, la pression du Cavalier s’exerce sur e5 et d4. Mais dans le cas d’un fianchetto avec Fg2 le Cavalier masque le Fou.

 

- Avec Ce2, le Cavalier évite l’interception du Fg2 et, ce qui est le plus important, celle du pion f2 qui peut aller à f4.

 

Les coups de pions dans l’est-indienne :

 

 X. Le coup noir d6 dans le but de développer le Cavalier b8 en d7, mais surtout pour frapper au centre par e5.

 

 X. Le coup g3 blanc : les Blancs diffèrent le développement du Cb1 à c3 afin d’éviter la défense Grünfeld (Cc3 d5)

 

 X. Le coup e4 blanc est la suite logique de 3 Cc3, si les Blancs ne jouent pas e4, les noirs obtiennent une seconde chance encore plus favorable de jouer d5.

  X. Le coup noir e5 : il bloque l’action du Fg7 mais aide en même temps le Fou à renforcer sa pression sur la grande diagonale. Après un éventuel e5xd4, la force du Fou flanqué en sera considérablement accrue. Si par contre les Blancs jouent d’-d5 la diagonale est définitivement fermée. La prise du pion noir est impossible dxe5 dxe5/ Cxe5 Cxe4 avec reprise du pion.

 Il est important pour les Noirs de jouer e5 rapidement pour leur permettre de garder le choix entre le développement du Cb8 à c6 ou à d7. S’ils jouent Cc6 avant e5, les Blancs répondent d5 et renvoient ce Cavalier à son point de départ alors que si après e5 les Noirs jouent Cc6, sur d5 des Blancs, ils peuvent poster favorablement le Cavalier à e7 (pour préparer plus tard la poussée f5)

 Ce coup e5 peut être joué lorsque les Blancs n’ont pas encore joué leur Cavalier roi.

 L’idée fondamentale des Noirs dans l’est-indienne est de renforcer l’activité du Fou en fianchetto par c5 ou e5, renforçant la pression sur le centre.

 

 X. Faut-il ou non maintenir la tension centrale pour les Blancs après e5 des Noirs contre d4 ?

 - Jouer d5 et renoncer à la tension, cela bute contre la règle fondamentale de maintenir aussi longtemps que possible la tension au centre. En revanche d5 empêche le Cb8 d’arriver à c6.

 Jouer d5 c’est aussi provoquer le blocage du centre ce qui entraîne que les noirs obtiennent des chances à l’aile roi. (avant d5 un éventuel f5 provoquerait des faiblesses dans le camp des Noirs après dxe5 et exf5 sur la diagonale vulnérable qui aboutit au roi noir. Le danger est écarté pour les Noirs après d5.

 

 X. Le coup a5 noir : à présent, les Blancs ne peuvent pas inquiéter le Cavalier noir par b4, et une avance éventuelle du pion a noir menace d’aller jusqu’en a3 ce qui va miner la position blanche le long de la diagonale et accroître du même coup la puissance du Fg7.

 Le coup noir a5-a4 a pour but d’assurer la case a5 à la Dame noire et ensuite de rendre b2-b4 difficile pour les Blancs. En outre, les Noirs peuvent travailler maintenant avec la possibilité a4-a3 qui, selon les circonstances, peut prendre les proportions d’une menace ; il s’agit de savoir si après b2-b3 la case b4 ou respectivement la position minée du Cc3 offrent des avantages ou si les Blancs sont même forcés de permettre la dislocation de leur aile dame par a3xb2.

 

 X. Le coup f5 noir : si les Noirs jouent f5 (ce coup est une compensation pour le centre contrôlé par les Blancs), les Blancs ne peuvent avoir l’avantage à moins qu’ils ne jouent exf5.

 F5 est pour les Noirs la stratégie convenable qui attaque la base de la chaîne de pions blanche e4.

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