RETOUR SUR LA SICILIENNE

 

   Après avoir analysé les premiers coups constitutifs de la défense sicilienne et avoir esquissé une présentation de la sicilienne dragon, je voudrais aujourd’hui présenter quelques éléments de réflexion générale sur la sicilienne.

 

I.                    L’idée fondamentale de la sicilienne.

    La sicilienne est utilisée par les Noirs pour pratiquer une attaque de minorité à l’aile-Dame. Toute l’idée de la sicilienne repose sur l’échange du pion « c » des Noirs contre le pion « d » des Blancs. Colonne « c » semi-ouverte, minorité 2-3 à l’aile-Dame, pion central supplémentaire, tous les ingrédients favorables sont là pour les Noirs. Mais alors, pourquoi ne gagnent-ils pas toutes les parties ? La réponse (et le problème !) c’est que les Blancs sont en avance de développement très tôt et que les Noirs se remettent rarement de ce facteur. Ils saisissent leurs chances lorsque l’initiative blanche finit par s’estomper.

   Le plan d’infiltration de la minorité noire est essentiellement long et pas forcé. Il réussit seulement dans le cas où les Blancs n’ont pas de contre-attaque possible, et cela est dû en retour au centre noir impénétrable. Les attaques de minorité doivent avoir pour fondation une forte position centrale. La victoire s’obtient à partir de l’aile, mais est plus tard concrétisée au centre.

 

II.                 Pourquoi d5 est le coup libérateur dans la sicilienne.

      Dans une finale, si les Noirs ont une majorité de pions à l’aile-Roi (4 contre 3) [pions e,f,g,h contre f, g, h] et les Blancs une majorité à l’aile-Dame (3 contre 2) [pions a,b,c contre a,b], cette finale est favorable aux Noirs grâce à leur pion supplémentaire d’une part et de l’attaque de minorité à l’aile-Dame d’autre part. De plus, leur Roi est forcément mieux protégé avec quatre pions que par trois.

      Donc, dans la défense sicilienne, si les Noirs parviennent à troquer leur pion « d » contre le pion « e » des Blancs, ils obtiennent la structure 4-3 contre 3-2. Mais si les Blancs parent d6-d5 par e4-e5, c’est une autre histoire !

 

III.               Avant-postes sur des colonnes semi-ouvertes dans la sicilienne.

      Supposons la structure de pions suivante dans l’ouverture sicilienne : pions blancs en a2,b2,c2,e4,f2,g2,h2 (et Roi en g1) contre a6,b5,d6,e7,f7,g6,h7(et Roi en g8).

Les Noirs bénéficient de la colonne semi-ouverte « c » et les Blancs de la colonne semi-ouverte « d ». A chaque semi-colonne est associé un avant-poste : d5 pour les Blancs et c4 pour les Noirs. Bien sûr ces avant-postes pourraient être contestés par des coups comme e6 ou b3. Mais le coup b3 affaiblit la case c3 et rend le pion c2 plus difficile à défendre. De même, le coup e6 affaiblit la case d6. Donc les cases c4 et d5 sont bien des avant-postes.

   Cela explique deux points importants dans la structure de la position d’ouverture :

a)      Pourquoi les Noirs développent-ils passivement leur Fou-Roi par e6 et Fe7 alors qu’ils pourraient lui donner une belle diagonale par g6 et Fg7 ? Parce que e6 et Fe7 privent les Blancs d’un avant-poste en d5 sans trop affaiblir le pion d6. Après g6 Fg7, les Noirs n’envisagent que très rarement le coup e6.

b)      Pourquoi le complexe Maroczy (pions e4 et c4) est-il considéré comme si efficace pour les Blancs dans la sicilienne ? Parce qu’avec un pion blanc en c4, les Noirs n’ont pas d’avant-poste sur cette case et qu’ils ont peu de jeu sur la colonne « c ».

 

   Qu’on se le dise !

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