Après 1 e4-e5 2 Cf3-Cç6 3 Fb5-a6 4 FxCç6-dxFç6, une structure de pions apparait qui subsistera jusqu'en finale. Les Blancs ont un pion de plus à l'aile-Roi, les Noirs en compensation ont l'avantage de la paire de Fous.
   En général, dans la variante d'échange, les Blancs visent à simplifier le jeu pour arriver à la position idéale d'une finale de pions gagnante, souvent non sans peine. Les chances des Noirs en finale dépendent de la possibilité d'attaquer le pion avancé e4, chose qu'ils peuvent réussir à l'aide des deux Fous. Ils ont aussi la possibilité d'avancer la majorité de leurs pions à l'aile-Dame, ce qui leur permet de gagner de l'espace et de créer des faiblesses de pions dans le camp adverse sur cette partie de l'échiquier ... Et aussi paradoxal que cela puisse paraître, on développe en détail la théorie de cette finale dans des ouvrages consacrés ... aux ouvertures ! Un conseil : étudiez les classiques, car les principes du jeu dans ce genre de positios n'ont pas subi de changements profonds avec le temps, selon le GM Cheresevski.

Dans l'espagnole, si les Blancs répliquent à 3...a6 par FxCç6, les Noirs garantissent la liberté de leurs pièces en reprenant avec le pion-dame, ce qui ouvre en même temps la colonne "d" et la grande diagonale du Fou-Dame. Inversement, les Blancs s'octroient un net avantage pour la fin de partie. Après 5 d4 - exd4 6 Dxd4 - Dxd4 7 Cxd4, ils disposent de quatre pions sur l'aile-Roi qui, n'étant opposés qu'à trois pions noirs, finiront par produire un pion passé. Les quatre pions noirs de l'aile-Dame ne peuvent pas en faire autant, parce que l'un d'eux est doublé. Les Blancs peuvent disposer leurs trois pions de l'aile-Dame selon le schéma a3, b2, c3 et se garderont bien de prendre le pion noir-Cavalier si celui-ci s'avance sans la protection du pion a et du pion c. Si les noirs prennent le pion-Tour ou le pion-Fou, les Blancs reprennent et les Noirs sont barrés. Toutefois, avant la fin de partie, il faut franchir le milieu et avec leurs Fous à longue portée, les Noirs peuvent arriver à exercer une forte pression et à emporter la décision avant la finale. C'est pour cette raison que les Maîtres d'échecs ont employé la variante d'échange de la Ruy Lopez de moins en moins souvent. Elle a joui d'un certain regain de faveur après que Bobby Fischer eut battu en tournoi plusieurs adversaires en les surprenant par un roque au 5° coup au lieu de jouer le coup habituel 5 d4. Grâce à cela, il gagnait un temps parce que les noirs sont dans ce cas obligés de défendre leur pion-Roi suspendu avant de pouvoir poursuivre leur développement. Cependant, comme l'aile des Blancs n'est pas non plus développée, les Noirs n'ont aucun mal à égaliser la position. Par exemple : 5 0-0 - Fg4 6 h3 - h5 ou bien 5 ...f6 6 d4 - exd4 7 Dxd4 - Dxd4.

Bientôt, cette ouverture fut analysée de fond en comble. On ne trouva aucune amélioration réelle pour les Blancs, selon le champion Edward Lasker.

A propos de la variante d'échange, Capablanca fait le commentaire suivant : ( FxCç6) expéditif, les Blancs s'offrent d'entrer de plain-pied dans un milieu de partie d'où les Dames seront exclues. Ils veulent disposer de 4 pions contre 3 sur l'aile-Roi, tandis que la majorité de pions adverse sur l'aile-Dame a pour contre-partie un pion doublé. Par contre, un atout dont peuvent se targuer les Noirs leur fait défaut : la paire de Fous.

La variante d'échange de l'Espagnole tente une placide réfutation du coup de Morphy 3...a6. Les Blancs cèdent du dynamisme aux Noirs - la paire de Fous - mais disposent d'un avantage structurel à long terme. Outre le pion doublé en ç6, les Blancs peuvent disposer s'une majorité de pions à l'aile-Roi.

C'est Bobby Fischer qui a exhumé la variante d'échange en respectant à la lettre l'adage "La menace est plus forte que l'exécution" (Cxe5 - Dxd4 récupère le pion dans de bonnes conditions (5 ...Dg5)

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